Observatoire Réunionnais
du Fénoir

Les environnements nocturnes de l’île peuvent être très différents. Ainsi, mieux les connaître permettra d’agir efficacement pour leur préservation ou leur amélioration. Le Parc national de La Réunion et ses partenaires développent un outil afin de mieux connaitre nos environnements nocturnes : l’Observatoire Réunionnais du Fénoir. Concrètement, l’Observatoire Réunionnais du Fénoir permet d’apporter des données métrologiques et socio-anthropologiques sur nos environnements nocturnes.

Les données métrologiques
qu’est-ce que c’est ?

Ce sont des mesures physiques qui permettent de décrire et comprendre un objet.

Dans le cas des environnements nocturnes, les mesures physiques utilisées pour les décrire et tenter de les comprendre sont : la brillance/noirceur du ciel et le son ! En complément, le Parc national de La Réunion souhaite acquérir à l’échelle de l’île, des données satellites nocturnes de très haute résolution et à l’échelle de rues, quartiers, sites industriels et centres commerciaux, des données d’intensité lumineuse et de spectrophotométries.

Brillance & noirceur du ciel

Pour décrire les environnements nocturnes, le Parc national de La Réunion récolte des données de la brillance/noirceur du ciel, qui est un très bon indicateur de la qualité des environnements nocturnes. En effet, un ciel sombre accompagné d’une voie lactée étincelante sera un indicateur d’une faible pollution lumineuse et donc d’un environnement nocturne de qualité ! Dans cet environnement nocturne, la biodiversité et les humains sont préservés des effets néfastes de l’éclairage artificiel. Au contraire, un ciel brillant (d’aspect gris-orangé) témoignera d’un ciel impacté par la lumière émise depuis le sol, empêchant l’observation du ciel étoilé et ayant des impacts sur la biodiversité et sur le cadre de vie des habitants. Ces données seront récoltées par le déploiement d’un réseau d’une cinquantaine de capteurs de pression lumineuse (photomètres, voir Fig. 1) sur l’ensemble de l’île, faisant à terme de La Réunion le territoire le plus densément équipé au monde !

Fig. 1 - Capteur de pression lumineuse (TESS-W) permettant de suivre la brillance du ciel (source)
Fig. 2 - Localisation des capteurs Tess-W (losanges rouges) déployés en date du 28/03/2023. (Source). Capteurs déployés par l’OEN CNRS (Source). Fond de carte : simulation de la pression lumineuse en extrémité de nuit, réalisée en 2021.

À ce jour, 6 capteurs ont été déployés par l’Observatoire de l’Environnement Nocturne (CNRS) et sont d’ores et déjà opérationnels (fig. 2) : à la Plaine des Palmistes, sur le toit du siège social du Parc national de La Réunion ; aux Makes, à l’Observatoire Astronomique des Makes ; au Maïdo, sur le toit de l’Observatoire Atmosphérique du Maïdo ; au Tévélave, à Saint-Paul et Salazie.

Données en temps réel des capteurs TESS-W

déployés au 28/03/2023

Stars713

Tévélave

Stars874

Saint-Paul

Stars873

Salazie

Ces données contribueront à la mise à jour du modèle de pression lumineuse réalisé en 2021 (Fig. 2 — Fond de carte). Ce réseau d’observation sera complété par le déploiement d’autres capteurs TESS-W par le Parc national de La Réunion sur toute l’île.

Images satellites très haute résolution

Les données satellites nocturnes permettent de visualiser l’ensemble des éclairages artificiels (privé, public, et les équipements sportifs). L’analyse de ces images a permis en 2021 (études inter parcs nationaux, 2021) de connaitre les proportions de l’éclairage artificiel émanant des différents contributeurs

L’acquisition de nouvelles données, plus fines et actualisées, permettra de suivre la répartition entre équipement sportifs, éclairage public et privé dans la situation d’éclairage de l’île ; la quantité de lumière émise vers le ciel pour chaque lampadaire et ainsi affiner la stratégie du «mieux éclairer» !

Fig. 3 — Proportion de lumière artificielle provenant des trois grands contributeurs : équipements sportifs, éclairage public et éclairage privé (source : étude inter-parcs nationaux, 2021)

Données d’éclairage in situ

L’éclairage artificiel doit également être étudié depuis le sol. En effet, les impacts de l’éclairage artificiel se font d’abord au sol, sous les lampadaires (publics et privés), sur le cadre de vie des habitants et les écosystèmes. Pour cela, l’OREN procèdera à des campagnes de mesures physiques sur des sites stratégiques (quartiers, sites industriels, centre commerciaux etc.) afin d’étudier les quantités de lumière, les types de lumière et fournir des préconisations aux acteurs de l’éclairage afin de « mieux éclairer ».

Cilaos sans extinctions © Parc national de La Réunion - Luc Perrot

Paysages sonores nocturnes

L’environnement nocturne peut aussi être décrit par les sons. Ces sons proviennent des activités anthropiques (marché de nuit, activité sportive etc.), de la biodiversité (chauves-souris, oiseaux etc.) ou encore provenir des éléments naturels (pluie, vent etc.). Étudier le paysage sonore nocturne par la pose de capteurs sonores permettra à terme d’investiguer les liens potentiels entre éclairage et activités anthropiques, éclairage et activités de la biodiversité. Ces données contribueront ainsi à la connaissance des environnements nocturnes réunionnais. Les capteurs sonores seront développés par le Parc national de La Réunion et ses partenaires et permettront à moyen terme de décrire les environnements nocturnes de l’île d’un point de vue sonore !

Les données métrologiques permettent de caractériser les environnements nocturnes de l’île d’un point vue physique. Toutefois, ces données physiques ne sont pas suffisantes et nécessitent d’être complétées par des données socio-anthropologiques.

Les données socio-anthropologiques
qu’est-ce que c’est ?

Ce sont des données qui permettront de décrire sur un territoire spécifique, le rapport à la nuit d’un groupe d’individus donné. Ce rapport étant lié à la culture de l’individu construit notamment sur la base de représentations, de croyances et d’expériences individuelles et collectives.

L’Observatoire Réunionnais du Fénoir mobilisera des moyens d’enquêtes et d’entretiens semi-directifs afin de récolter des données spatialisées concernant les usages, les besoins et les ressentis de la population vis-à-vis de certaines pratiques d’éclairage.

Les données métrologiques et socio-anthropologiques permettront de définir des types d’environnements nocturnes pour lesquels des préconisations spécifiques pourront être produites en cohérence avec les besoins des usagers du territoire (habitants, entreprises, collectivités).

Les données recueillies par l’Observatoire Réunionnais du Fénoir serviront à la création de supports de sensibilisation à destination des habitants, élus et acteurs économiques privés et permettront d’établir des documents d’aide à la décision, éclairés !